Adrien : « Alors tout cela est réel ?»

Adrien a trente-sept ans et vit dans le Var. Depuis un an, il expérimente régulièrement des sorties hors du corps.

Comment la sortie hors du corps est-elle apparue dans ta vie ?

Quand j’étais jeune, je croyais que tout s’arrêtait après la mort. C’était ce que mon père me disait lorsque j’avais huit ans : « Quand on meurt, le cerveau s’arrête, tout devient noir et c’est fini ». Ce qui est drôle, c’est qu’aujourd’hui, il a complètement changé d’avis. Moi, j’ai grandi avec cette idée. J’ai eu une vie personnelle, amicale et professionnelle bien remplie. Je ne me posais pas vraiment de questions sur l’au-delà ou la spiritualité. Ces thématiques m’intriguaient, comme tout le monde, mais j’étais agnostique. Quand ma grand-mère est arrivée en fin de vie, en janvier 2021, j’ai ressenti le besoin de réviser mes croyances : « ma grand-mère va mourir et je ne sais rien sur la mort ». Je voulais me faire ma propre idée, voir s’il y avait une possibilité que la mort ne soit pas une fin. Là, j’ai commencé à lire des récits de personnes ayant vécu des Expériences de Mort Imminente (EMI). Un témoignage de Sylvie Cafardy a attiré mon attention parce que l’auteure est médecin et que son discours est rationnel et pragmatique. Elle a fait une thèse à ce sujet. Son approche scientifique donne du crédit à ce qu’elle avance. Ce livre m’a bouleversé, car tout ce que j’y trouvais faisait écho en moi. J’avais l’impression de lire quelque chose que je savais déjà. Bizarrement, cela a très vite remplacé mon ancienne vision sur la mort. J’ai commencé à croire qu’il existait un au-delà et je voulais absolument partager ça avec ma grand-mère pour l’aider à ne pas avoir peur de la mort et à partir plus facilement. Ma grand-mère est décédée au printemps 2021. Moi, j’ai continué d’écouter des témoignages d’EMI car ces récits me fascinaient et m’inspiraient. Plus je m’en nourrissais, plus cela transformait ma façon de voir le monde. De plus en plus, je me suis consacré à la méditation : cela me faisait un bien fou. Une nuit, j’ai rêvé de mon grand-père décédé. Je ne me souviens plus pourquoi, mais au petit matin, j’ai pris mon téléphone et j’ai surfé sur internet. Je suis tombé sur un site parlant de sorties hors du corps. J’ai lu plusieurs articles à ce sujet. J’étais dans un état d’euphorie. J’avais l’impression d’avoir mis le doigt sur quelque chose de très important, quelque chose qui m’appelait. Dans les minutes qui ont suivi, j’ai cherché un stage. J’en ai trouvé un à vingt kilomètres de chez moi… programmé dix jours plus tard. Je me suis dit que c’était fou. J’ai tout de suite téléphoné pour m’inscrire. Il restait une seule place !  

Comment s’est passé ton stage ?

Le stage durait quatre jours. En arrivant, j’étais très enthousiaste mais aussi très vigilant, car je me méfiais du charlatanisme. Pour moi, c’était un autre monde : un monde de « perchés ». Je ne savais pas si je pouvais faire confiance aux gens qui vivent des expériences paranormales. Le stage s’est très bien déroulé. J’ai appris les techniques de méditation d’Akhena, une grande expérienceuse qui accorde beaucoup d’importance à l’élévation spirituelle. Au début, je me sentais perdu : les participants parlaient très naturellement de choses comme l’âme, la réincarnation, les guides. Ça me fascinait, mais ça me paraissait délirant. En fait, il y avait deux parties en moi : une partie qui y croyait et qui me poussait à m’investir à fond… et une partie qui avait peur: « attention, tu es en train de partir en couilles ». Le stage s’est terminé. Je suis rentré chez moi le dimanche soir. Le lundi matin, je suis sorti de mon corps…

Peux-tu nous décrire ta première sortie ?

C’est assez simple : je me suis réveillé en pleine nuit et j’ai senti que je me décrochais de mon corps. À cet instant, j’étais passif : je ne maîtrisais rien, j’assistais à mon propre décrochage. En flottant, je me suis décalé d’une cinquantaine de centimètres et j’ai vu mon corps allongé sur le matelas. J’ai continué de flotter vers le parquet, que j’ai commencé à traverser. J’étais à moitié dans le sol et à moitié dehors. J’ai réalisé que j’étais « sorti ». Je suis rapidement revenu dans mon corps physique. En le réintégrant, j’ai senti des vibrations dans tous mes membres et des bourdonnements dans mes oreilles. Ça s’est atténué et je me suis réveillé vraiment. J’étais tellement heureux : « Alors tout cela est réel ? C’est incroyable ! ». Je n’avais qu’une seule envie : recommencer.  

Et tu as recommencé…

Oui, le lendemain matin ! Puis toutes les semaines. J’ai vite pris goût à ce que je pouvais faire hors de mon corps physique. Explorer la maison et les alentours, voler dans le ciel, faire des pirouettes dans les airs, traverser les murs, ressentir la texture des objets. J’étais aussi joyeux qu’un gamin de cinq ans. En plus, j’ai rapidement obtenu une vérification : je suis sorti de ma maison en traversant la porte-fenêtre et je me suis envolé dans le ciel. Je suis monté très vite, comme une fusée, et pendant l’ascension j’ai observé le paysage. Mon regard a été attiré par une immense étendue d’eau au loin, avec une sorte d’île. J’ai pensé à la mer, mais c’était impossible car je regardais vers le nord alors que la mer était au sud. Ma sortie s’est arrêtée soudainement. Je me suis réveillé dans mon corps physique. Plus tard, j’ai vérifié sur Google Maps à l’endroit précis où j’avais aperçu l’étendue d’eau et je suis tombé sur le lac de Sainte Croix. Je ne me doutais pas que ce lac était localisé ici (avec une presqu’île au milieu). J’étais bluffé.  

Qu’est-ce que la sortie hors du corps a changé dans ta vision de la vie ?

Ma première sortie hors du corps a été comme un électrochoc. D’abord, j’ai eu la confirmation que la vie ne s’arrête pas : quelque chose continue après. Je ne peux pas mourir. Cela signifie aussi que mes proches décédés ne sont pas vraiment morts et que mes proches « vivants » ne mourront pas non plus. Rien que ça, c’est une libération. Je n’en doutais plus car j’en avais fait l’expérience moi-même, en sortant de mon corps physique. J’ai ressenti de l’extase, du bonheur et de l’espoir. Je m’ouvrais à la possibilité que la vie avait un sens plus profond, un sens spirituel que je n’avais pas envisagé avant. Cela m’a fait du bien, car la vie me paraissait moins dure. Je me suis questionné sur ma place : qu’est-ce que je fais là ? Quel sens je peux donner aux épreuves que je traverse ? Mes repères étaient ébranlés, ce qui était un grand chamboulement. J’ai beaucoup lu et j’ai continué d’expérimenter. J’en ai parlé à mes proches qui l’ont très bien accueilli. La plupart me croient : ils savent que j’ai les pieds sur terre et que je suis sérieux : je ne suis pas du genre à fabuler. Ils ont tout de suite donné du crédit aux expériences que je leur rapportais, même si elles leur étaient complètement étrangères. Par la suite, je me suis rapproché d’autres expérienceurs avec qui j’ai pu partager sur les sorties hors du corps et leurs implications. Cela fait énormément de bien de pouvoir parler de phénomènes extraordinaires avec des gens qui les vivent aussi. La sortie hors du corps a bousculé ma vie, au point que je suis en train de changer de voie professionnelle. J’ai souhaité me diriger vers une profession qui a plus de sens à mes yeux et qui correspond à mes nouvelles valeurs : le soin aux personnes en fin de vie.

Propos recueillis par Julie E.

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