Lionel, 34 ans, est chef de projet en horlogerie à Genève. Porteur d’une pathologie cardiaque incurable, il a vécu une Expérience de Mort Imminente (EMI) à l’âge de six ans. Depuis, il vit régulièrement des expériences de sortie hors du corps, qu’il décrit en partie dans son livre biographique « Un combat pour une vie » (éditions Kadaline).
Ta vie est un peu particulière, puisque tu es né avec une maladie cardiaque sévère et incurable.
Je suis né en Suisse en août 1988. Deux heures après ma naissance, une infirmière est passée devant mon lit et m’a vu, tout bleu. Elle a alerté les médecins. La tétralogie de Fallot a été annoncée. À cette période, les opérations commençaient à exister pour cette maladie. Les médecins ont dit que je devais être opéré d’urgence, sinon, j’allais mourir. Mes parents avaient le choix de me faire opérer ou non. Ma mère voulait me sauver, mais mon père ne voulait pas, pour ne pas porter le poids de me laisser vivre avec une telle maladie. C’est quelque chose que je comprends totalement. Finalement, j’ai été opéré. C’était la première d’une série d’opérations qui se sont étalonnées sur dix-sept ans : cinq à cœur ouvert et une dernière pour poser un défibrillateur interne.
Lors de ta première greffe d’artère, à l’âge de six ans, tu as vécu une expérience de mort imminente (EMI).
Tout à fait mais il m’est très difficile de décrire les sensations, car elles sont incomparables avec ce qu’on peut ressentir dans le monde physique. J’étais endormi et en train de me faire opérer quand je me suis réveillé d’un coup. J’entendais tout ce qui se passait dans la salle d’opération. J’ai essayé de bouger, mais je ne pouvais pas. J’ai entendu les médecins qui criaient « code rouge ». Je les sentais s’acharner sur moi, ils essayaient de faire repartir le cœur : je ressentais de la douleur, comme si on me tapait sur le buste. C’était assez violent. Puis je me suis senti sortir de mon corps. Je me suis vu sur la table d’opération : je flottais au-dessus. Toutes mes peurs ont disparu, je me sentais léger. C’était assez bref, puis je suis revenu. Après cela, je me suis réveillé dans la salle des soins intensifs. Les médecins n’avaient pas dit à mes parents qu’ils avaient dû me réanimer. Quand j’ai vécu cette expérience, j’étais cliniquement mort. Moi, je savais qu’il s’était passé un truc bizarre. J’en ai parlé à ma mère, qui m’a cru, car elle est ouverte à la spiritualité. D’ailleurs, ma mère a fait des sorties de corps par la suite, mais cette expérience la terrorise. À cette époque, ma mère m’a emmené voir la pédopsychologue de l’hôpital pour que je puisse en parler à une personne qualifiée.
Quelle a été la réaction de la pédopsychologue ?
Mon témoignage n’a pas été très bien reçu… La psychologue m’a pris pour un menteur, elle s’est fâchée. Elle était vraiment en colère. Ma mère a pris ma défense, mais la psy l’a traitée de folle. Peut-être que dans les années 90, ces choses-là étaient taboues. Moi, ça m’a marqué. À cet âge, on emmagasine ce que disent les grands. Après, je n’ai plus rien dit, j’ai fermé la porte. Pourtant, je me souviens d’expériences vécues pendant l’enfance, mais je les ai mises sur le compte du cauchemar ou du rêve, de l’imaginaire.
Ta première sortie hors du corps s’est produite inopinément, après l’absorption d’un space cake. Par la suite, tu as vécu de nouvelles sorties astrales lors de « fortes fièvres », ce qui t’a donné envie d’apprendre des techniques…
Oui, je décris ma première expérience dans mon livre : « Je me suis endormi sur le canapé. Une chose s’est alors produite, que j’avais déjà expérimentée, mais que j’avais préféré occulter… une sortie de corps ! J’ai senti mon moi intérieur flotter au-dessus de mon corps physique allongé sur le canapé. Pris de panique, je me suis réveillé en sursaut, et mon cœur, pour la première fois depuis longtemps, s’est mis à palpiter, se déréglant à chaque battement ». Cette expérience m’a rappelé cette fameuse séquence à l’hôpital. J’ai pris conscience que ce que j’ai vécu enfant n’était pas une connerie, même si la pédopsychologue m’avait traité de fou. Je me suis renseigné sur la sortie hors du corps, car cela m’intéressait beaucoup. J’ai trouvé quelques filons sur internet. Au début je procédais comme une brute de décoffrage. Je me couchais en plein jour dans le lit et j’essayais de me détacher du corps par la pensée. Je sentais des fourmillements, j’arrivais à me décoller, mais à chaque fois il y avait une sorte d’effet ventouse, comme un appel d’air, et je revenais. C’était beaucoup d’efforts pour peu de résultats. Ensuite, j’ai arrêté pendant quelques années. Je m’y suis remis vers l’âge de 24 ans. J’ai recommencé à m’entraîner. Quand j’ai réussi à me » calibrer », j’ai fait beaucoup de sorties où des entités essayaient de me faire peur. Une fois, j’essayais de revenir dans mon corps, mais une entité m’a agrippé et empêché de revenir, ça m’a fait flipper. Parfois, j’étais dans les « limbes », des mondes très sombres ou rouges avec des entités qui me prenaient de l’énergie comme s’ils m’ « aspiraient ». J’ai cherché comment me défaire de cela, car c’était systématique. J’ai réussi à gagner en confiance et j’ai trouvé des moyens de les faire partir. Maintenant elles ne viennent plus.
Généralement, qu’expérimentes-tu lors de tes « sorties astrales » ?
La plupart du temps, je reste chez moi. J’observe souvent ma femme Gaëlle en train de dormir. C’est drôle, car je vois son corps astral qui flotte au-dessus d’elle, pas très haut : il est brumeux et laiteux. Et je vois dans cette sorte de brume un tas de choses qui se mélangent, comme ses pensées et ses émotions, c’est difficile de trouver les mots… Je peux deviner les rêves qu’elle est en train de faire et l’émotion que ça dégage. Je vois aussi les traits de son visage astral qui se déforment. J’ai vu la même chose avec ma fille alors qu’elle n’était que bébé. Un jour, j’ai vécu une expérience vraiment sympa. Pendant la nuit, j’ai fait une sortie de corps. À côté de ma femme endormie, j’ai vu Christian, son papa décédé. Il était venu nous rendre visite. Je ne m’attendais pas à le voir. Il était sous la forme d’une boule lumineuse, mais je savais que c’était lui. Je sentais qu’il n’était pas venu pour rien, il avait quelque chose à dire à sa fille. Quand je me suis réveillé, j’ai eu l’intuition de lui dire de faire un test de grossesse. Elle était enceinte ! C’est une de mes premières grosses expériences.
Tu sembles sortir facilement de ton corps…
Avec toutes les opérations que j’ai eues, à m’approcher de la mort, je pense que j’ai une facilité à sortir de mon corps, une facilité assez déconcertante, surtout pour mes amis qui essaient de sortir de leur corps depuis des années. Il suffit que je mette une intention pour y arriver. Je le fais la nuit, sur mon canapé, car je ne dors pas aussi bien que dans le lit ce qui facilite les choses. Je fais une belle méditation avant de dormir, une méditation tournée vers la sortie astrale. Je me répète « cette nuit, je sors ». Si je me mets dans de bonnes dispositions, en général c’est OK. Je me mets toujours un objectif.
Tu dis dans ton livre : « je voulais en connaître davantage sur l’après-vie, ou la vie après la mort, car depuis ma naissance, je n’ai pas cessé d’être en équilibre sur une corde raide, entre vie et mort ». Tes explorations t’ont-elles apporté des réponses ?
En partie. Lors d’une sortie astrale, j’ai parlé à ma tante décédée deux semaines plus tôt, des suites d’un cancer. Je le raconte dans mon livre : « deux semaines après sa disparition, j’ai orchestré plusieurs sorties nocturnes. Une nuit, lors d’une sortie astrale ma tante m’est apparue sous une forme spectrale. Elle était là ! J’étais à la fois heureux et bouleversé, une telle expérience ne m’était jamais arrivée. J’ai pu lui poser des questions, nous avons bavardé, puis elle m’a affirmé devoir aller panser la tristesse de ses enfants, alors je l’ai laissée partir. Je l’ai vue encore durant quelque temps, et notamment un soir où j’ai décidé de la contacter lors d’une sortie astrale, ce qui s’est produit, mais les choses ne sont pas déroulées comme les fois précédentes. J’avais pour habitude de l’appeler une fois hors de mon corps physique, et la plupart du temps, elle m’apparaissait dans l’enveloppe énergétique de sa personne avant sa maladie, offrant une apparence lumineuse qui était la réplique positive de son passé. Mais cette fois, le processus n’a pas été le même. Lorsque je l’ai appelée, je me suis senti aspiré vers le haut, pour ensuite me retrouver derrière elle dans un lieu inconnu. L’endroit était clair et apaisant, je voyais des entités d’enfants, ce qui m’a paru être une petite fille m’a salué et souri. Ma tante s’est retournée et m’a dit : « Tu es vraiment trop curieux, tu sais ? Tu n’es pas censé venir ici en tant que vivant ! ». J’ai été sidéré par ses paroles. Mais où me trouvais-je ? Durant cet échange, elle m’a expliqué veiller sur nous et être très occupée, là-bas, dans le monde d’après. Lorsque je lui ai fait la remarque, avec humour, qu’elle pouvait y croire, à présent, elle a ri puis m’a tourné le dos. Quand j’ai tenté de comprendre où nous nous trouvions, elle s’est éloignée en restant silencieuse. Sans avoir eu de réponse, j’ai senti qu’il était l’heure de partir, car de toute évidence… je n’avais rien à faire là ! Depuis, je l’ai plus appelée. Comme si j’avais enfin fait mon deuil, je ne voyais plus l’utilité de la déranger. Car oui, elle me l’avait bien fait comprendre, je devais vivre ma vie et ne pas perdre trop de temps dans le monde astral. J’y viendrais bien assez tôt, comme nous tous. J’ai saisi une chose importante après cette anecdote, il est de mon devoir de vivre le présent et de profiter de ma famille. »
Quelle est l’expérience la plus marquante que tu as vécue ?
Hum. Est-ce que tu crois aux extraterrestres ? Parce que ma plus « folle » rencontre astrale était avec un être de ce type. Avant cette expérience, je croyais en la possibilité que de la vie existe ailleurs, ce qui me paraissait logique, mais je ne pensais pas du tout que des extraterrestres pouvaient venir nous rendre visite sur terre ! Un jour, j’ai fait une sortie de corps assez standard, mais je suis allé plus loin dans le quartier. Pour la première fois, j’ai croisé d’autres personnes qui se déplaçaient dans leur corps astral. Ils regardaient tous vers le ciel où un faisceau lumineux descendait vers la terre. Je me suis approché et je suis entré dans le faisceau lumineux, pour essayer… À cet instant, j’ai ressenti comme une aspiration et je me suis retrouvé dans une pièce avec un hublot. Je ne sais pas sur quel plan j’étais, mais j’étais dans l’espace et je voyais la terre derrière le hublot. C’était très étrange car je voyais dans toutes les directions à la fois, une vue panoramique. Derrière moi, j’ai vu un être très frêle et gris, avec de grands yeux noirs qui m’approchait. Il ne ressemblait pas vraiment aux images des films de science-fiction qui sont assez grossières. Il n’était ni méchant, ni particulièrement gentil. Il a mis sa main sur mon épaule, cela a provoqué une décharge qui m’a fait redescendre. Je me suis aussitôt réveillé. Cela a éveillé ma curiosité. Donc je suis allé dans l’espace. Un jour, j’ai visité une autre planète habitée. Il y avait plein de bonshommes de la taille des Schtroumpfs, très colorés et joyeux. Ils m’ont fait visiter leurs infrastructures métalliques. Il y avait de la vie qui en ressortait, comme si tout était vivant. C’était très chaleureux. J’ai passé un moment avec eux pour discuter puis je suis parti. Ce sont des expériences uniques.
Tu as souvent essayé d’entrer en contact avec ton âme pour trouver ta mission de vie ? As-tu obtenu des réponses ?
Pas encore. Ces deux dernières années, je me suis concentré sur ma vie terrestre, car il faut vivre, travailler, manger. J’ai un peu mis de côté les sorties hors du corps. Par contre, j’essaie d’être attentif aux signes, aux chiffres. Je pense qu’il y a des forces très élevées qui nous aident. Quand je peux, j’essaie de gratter des infos.
Tu conclus ton livre en disant « tout chose qui arrive à un être humain est bénéfique à son évolution personnelle, même lorsque ce qui s’abat sur lui est lourd à porter et s’apparente à un malheur absolu ». D’où puises-tu cette philosophie ?
De toutes mes expériences : par rapport à la maladie, aux décès dans la famille, à mes échecs. Les expériences nous font grandir, elles nous forgent, nous font changer d’optique. La sortie hors du corps ne m’a pas apporté toutes les réponses que je voulais, mais au moins, j’ai une certitude sur la mort : il y a quelque chose après… Le corps physique a une date de péremption, mais pas ce qui est à l’intérieur. Je crois aussi en la réincarnation. Je pense que chaque vie nous permet de nous façonner pour atteindre la perfection. Pour moi la perfection est la personne qu’on a envie d’être dans cette vie et dans toutes les autres. Si on n’avait plus rien à travailler, peut-être qu’on s’emmerderait ! Mais ce sont mes opinions, ils parleront à certains et pas à d’autres.
Propos recueillis par Julie E.
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