Nicolas : « Je me sentais comme un flanc qui se dépote du moule »

Nicolas est âgé de 37 ans. Originaire de Lausanne, il habite dans la région de Genève (Suisse). Informaticien de profession, il vit régulièrement des expériences hors du corps depuis 2007. Aujourd’hui, il a ouvert un cabinet de magnétisme.


Tu as vécu une expérience déroutante vers l’âge de douze ans…

C’était complètement inopiné. En pleine nuit, je rêvais. Dans mon rêve, j’étais dans un espace noir et je fuyais deux dragons qui me poursuivaient. Tout à coup, j’ai pris conscience que j’étais en train de rêver, je suis devenu lucide, mais je ne parvenais pas à me réveiller. Je le voulais, mais je ne savais pas comment faire. Où était la porte de sortie ? Impossible de la trouver. J’ai eu une idée : « peut-être que si je meurs dans mon rêve, je vais me réveiller ». Intuitivement, j’ai créé par la pensée une piscine vide avec un plongeoir et j’ai sauté. Quand j’ai touché le fond, tout est devenu noir. J’ai ressenti une intense sensation de chute en arrière et un choc, comme si je tombais physiquement dans mon lit. Je me suis réveillé en sursaut. Je n’ai pas compris ce qui venait de m’arriver car j’étais immobile sur le matelas. Rien n’avait bougé, je n’avais pas chuté du lit… Alors d’où venait cette sensation de chute ? Je me suis dit que tout cela devait être un rêve, mais en même temps, cette sensation m’avait paru bien trop réelle. Je n’en ai parlé à personne. C’est resté un point d’interrogation. 

Les sorties hors du corps sont réapparues dix ans plus tard.

Lors de mes études secondaires, je me suis spécialisé dans les maths et la physique. J’ai poursuivi avec des études scientifiques renforcées. A l’adolescence, ma mère était malade, elle a eu plusieurs cancers. Elle s’est tournée vers des guérisseurs pour soulager les effets secondaires de la chimiothérapie. Comme j’étais ouvert d’esprit, j’ai voulu l’accompagner aux séances. En voyant les guérisseurs, j’ai pris conscience qu’il y avait peut-être une autre réalité subtile à explorer. Je me suis tourné vers le bouddhisme. Dans la culture bouddhiste, on trouve le yoga du rêve ainsi que des phénomènes de décorporation. C’est quelque chose de normal. J’ai donc fait le lien avec mon expérience de jeunesse. A l’âge de dix-huit ans, j’ai arrêté les études scientifiques car je trouvais la science corrompue. J’ai suivi mon cœur : je me suis tourné vers les lettres, la langue et la culture japonaises et tibétaines ce qui a renforcé mon champ d’études sur le bouddhisme. Je voulais expérimenter par moi-même et le voyage astral me paraissait être une bonne approche. En 2007, j’ai commencé à pratiquer une technique trouvée sur internet : la technique de la corde. J’essayais d’entrer en transe volontaire puis je m’imaginais monter sur une corde. J’ai réussi du premier coup !

Peux-tu nous raconter cette première expérience ?

La technique de la corde m’a fait sentir une sorte de tension. Puis tout à coup, j’ai senti que je me détachais du corps physique. Ça a fait comme un « FLOP ». Je me sentais comme un flanc qui se dépote du moule. J’ai roulé sur le côté, c’était incontrôlable. Je me suis tout à coup retrouvé dans un noir. J’étais comme un point de conscience dans le vide total. Je me suis dit : « waouh, j’ai réussi ». J’étais très excité. Je me suis demandé si c’était cela, la « vacuité » dont parlent les bouddhistes. Après quelques secondes, j’ai commencé à avoir peur car je ne sentais plus mon corps, j’avais l’impression qu’il était très loin et que je ne pourrais plus revenir. J’ai eu une peur instinctive de mourir. J’ai voulu revenir mais au départ, je n’arrivais pas. Je suis resté coincé une dizaine de secondes puis j’ai senti une chute et le choc de la réintégration. J’ai tout de suite ouvert les yeux. J’étais dans un état extatique. J’avais enfin la réponse à la question que je me posais depuis des années.

As-tu vécu beaucoup de sorties hors de corps après cela ?

J’ai réitéré beaucoup de fois, pendant des semaines, mais c’était beaucoup plus difficile. Quand je réussissais, je n’avais pas la vision. Je voulais voir mon corps physique mais je n’arrivais pas. La vision s’activait seulement quand je m’éloignais. L’excitation me faisait souvent revenir au corps donc j’ai dû apprendre à stabiliser mes émotions pour vivre une expérience plus longue. Parfois, je basculais dans le rêve. Tout s’est précipité quand je suis parti au Japon, de 2008 à 2009. Là-bas, je n’avais plus d’obligation académique, pas de stress. J’étais seul et complètement libre dans un pays très loin de chez moi, et pourtant je me sentais enfin à la maison. J’ai vécu une année mystique. J’ai tout axé sur la sortie astrale, le rêve lucide et les expériences méditatives. Je m’entraînais toutes les nuits. La journée, j’essayais de préserver mon énergie afin de la dédier au travail nocturne, et ça fonctionnait. J’avais un très bon taux de réussite, notamment avec la technique du brise-rêve. J’explorais beaucoup. J’essayais de comprendre la réalité des choses et de me comprendre moi-même : qu’est ce qui me constitue ? De quoi le monde est-il constitué ? Je voulais expérimenter le mystère de la vie. C’est alors que j’ai ressenti le besoin d’échanger pour aller plus loin dans ma quête. Sur internet, je me suis inscrit sur un forum consacré au voyage astral qui s’appelle Astral Sight. Cela m’a apporté de nouvelles techniques, de la motivation, mais surtout des échanges humains : j’ai pris conscience qu’on était plusieurs à vivre ces expériences et qu’on pouvait échanger pour s’entraider.

Quel est l’expérience la plus extraordinaire que tu aies vécue ?

Quand je suis revenu du Japon, mon père est décédé subitement. Le fait d’avoir vécu des sorties hors du corps m’avait convaincu que la vie continue après la mort du corps physique. J’avais aussi conscience de l’importance de mourir sereinement pour ne pas rester bloqué dans l’au-delà dans des états de souffrance. Quand mon père est mort d’une crise cardiaque, j’ai pensé que la brutalité de sa mort pouvait être un problème. Je me sentais animé d’une force et d’un élan impérieux de l’accompagner pour son passage. Pour moi, c’était le plus important. Je savais que je pouvais provoquer une sortie hors du corps afin de l’aider. Deux nuits après sa mort, je suis sorti de mon corps. Je suis arrivé dans le jardin où mon père a eu sa crise cardiaque. Là, j’ai vu mon père inconscient, gisant à terre et dans une grande souffrance. Je me suis approché de lui, je l’ai pris dans mes bras en essayant de le réconforter mais son état ne changeait pas. J’étais impuissant à pouvoir l’aider. J’ai demandé de l’aide : « aidez-moi, aidez-moi ! ». Tout à coup, un être lumineux avec une forme d’ange est apparu dans le ciel et est descendu vers nous. Durant la descente, il s’est transformé en petit chérubin. J’étais grandement étonné, d’autant plus que je n’étais pas du tout chrétien et que je n’avais aucun bagage culturel de cet ordre ! Il est venu en volant vers mon père et m’a aidé à le porter. Des formes sont apparues dans le ciel et un calice doré est tombé directement dans ma main. J’ai entendu distinctement : « nous sommes le peuple des cieux ». Sur la coupe, il y avait des inscriptions que je ne comprenais pas, mais j’avais beaucoup de gratitude, car je savais à ce moment-là que mon père serait pris en charge. Je n’ai pas pu rester, je suis revenu dans mon corps, sans doute à cause de l’émotion.

As-tu essayé d’obtenir des preuves que tu sors réellement de ton corps ?

Pas vraiment. Déjà une telle démarche était compliquée car je ne vois pas mon environnement physique immédiat. Ensuite,  je n’ai pas ressenti le besoin d’obtenir une validation. J’ai bien tenté de faire des petites vérifications pour m’amuser, mais je n’y ai pas mis beaucoup de cœur et de sérieux.  Je suis déjà convaincu que cette expérience est concrète et réelle. Il faut déployer beaucoup d’énergie pour faire des tests et récolter des preuves. Moi je préfère déployer mon énergie ailleurs. J’ai vécu de nombreux états de grâce, d’amour, de transformation : cela vaut bien plus que toutes les validations que je pourrais tenter d’obtenir.

Dans quelle mesure la sortie hors du corps a-t-elle transformé ta vie ?

Pour moi, les sorties hors du corps ont été un tremplin vers l’éveil, pour sortir de l’illusion des pensées de la journée. Autant la nuit, je tente de devenir lucide pour me réveiller dans le rêve, autant la journée je veux faire de même avec les pensées. Nous sommes tous soumis à une pensée permanente, inconsciente et enfermante. J’essaie à chaque instant de gagner en présence et en lucidité. Pour moi le déclic de la lucidité est le même, que ce soit dans l’illusion de la nuit ou celle de la journée. Quel est le plus beau cadeau de la lucidité ? La lucidité elle-même ! Cette étincelle de conscience pure.  Les sorties hors du corps m’aident à devenir plus conscient et plus présent dans la vie de tous les jours, au quotidien.

Propos recueillis par Julie E.

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