Âgé de 54 ans, Rafael est pompier. Sa première sortie hors du corps s’est produite en 2018. Depuis il a réalisé une quinzaine de SHC.
Aujourd’hui, tu fais des sorties hors du corps, mais pendant longtemps, tu étais athée…
Je suis né dans une famille nombreuse qui était antireligieuse. En grandissant, je suis devenu une personne très matérialiste. J’étais concentré sur mon travail. Comme j’avais manqué de beaucoup de choses durant mon enfance, je voulais que ma propre famille ne manque de rien. J’ai longtemps pensé qu’il n’y avait rien après la mort. Pour moi, la mort c’était « tu meurs, tu te décomposes et tu es mangé par les vers. »
Qu’est-ce qui a bousculé ta vision de la mort ?
Le décès de ma belle-sœur. Il y a une vingtaine d’années, j’ai perdu ma belle-sœur et ma femme ressentait le besoin d’aller voir des médiums. Pour moi, ces trucs étaient des conneries. Les médiums racontaient du cinéma pour nous prendre de l’argent. Alors à chaque fois qu’on voyait un médium, j’essayais de les piéger et j’y arrivais. Par exemple, je leur montrais une photo de mon père (qui était vivant), et les médiums me parlaient de sa vie dans l’au-delà. Ça me confortait dans l’idée qu’ils étaient tous des charlatans. Mais un jour, ça s’est passé différemment. Ma femme a invité à la maison une dame qui pratiquait l’écriture automatique. On pouvait poser des questions à ma belle-sœur décédée et la médium écrivait sa réponse. Comme d’habitude, je voulais la piéger. La médium m’a proposé de poser une question à ma belle-sœur « dans ma tête », avant de me donner sa réponse. Ça collait parfaitement. À trois reprises, elle a répondu dans le mille. J’ai commencé à avoir un petit doute ! Par la suite, des choses étranges ont commencé à se produire. Le soir, quand j’étais dans mon lit, je percevais des choses : des formes autour de mon lit. C’était des visages, des silhouettes humaines, qui dégageaient de l’énergie. J’ai ressenti la présence de ma belle-sœur et d’autres personnes décédées. Un jour, j’ai commencé à leur parler « dans ma tête ». D’abord, je leur ai demandé une « preuve d’amour ». J’ai senti des caresses sur mon visage. Puis mon cœur s’est mis à vibrer et je ressentais des frissons partout. C’était génial. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à parler régulièrement à des personnes décédées quand j’étais dans mon lit. Je voyais leurs formes, ma femme ne les voyait pas. Je posais des questions dans ma tête et j’obtenais des réponses. Par exemple, j’ai parlé à ma mère six mois après sa mort. J’entendais sa voix. Bien sûr, je me suis souvent demandé si ma tête me jouait des tours… et en même temps, je suis quelqu’un d’équilibré.
Quand as-tu cessé de douter ?
Au fil des années, j’ai été forcé de revoir mes certitudes. Car j’ai aussi commencé à avoir des visions prémonitoires. Par exemple, j’ai eu la vision du crash d’un avion… qui est tombé la nuit même, de la manière dont je l’avais vu. Je croyais de plus en plus au fait que j’avais un ange gardien. Un jour, j’ai voulu lui demander « une preuve ». J’étais de garde et je suis parti pour un arrêt cardiaque. Une femme était en train de mourir. Je me souviens qu’on l’a massé pendant deux heures et quart. À la fin, elle était intubée et en salle de déchocage. Tout le monde pensait que c’était fini. À cet instant, J’ai demandé à mon ange de la sauver, en lui disant : « si elle revient, je ne remettrais plus jamais en doute l’existence de l’au-delà ». Tout à coup, elle a ouvert les yeux et elle a bougé les membres… C’était incroyable. Puis j’ai eu instantanément une vision : cette nuit-là, il y aurait une autre personne victime d’un arrêt cardiaque, mais je ne pourrais pas la sauver. C’est ce qui s’est produit ! Alors j’ai accepté qu’il y avait « quelque chose de l’autre côté ».
Tes trois premières sorties hors du corps étaient involontaires…
Oui, ça s’est passé en 2018. À ce moment-là, je n’avais jamais entendu parler des sorties hors du corps. Je venais de terminer ma garde de 24 heures, j’étais fatigué. Je me suis allongé sur mon canapé et je commençais à m’endormir. Tout à coup, je me suis retrouvé dans mon jardin. Je me suis dit : « qu’est-ce qui se passe ? J’étais dans mon canapé et maintenant je suis dans mon jardin…». Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. J’ai commencé à longer la maison lorsque j’ai réalisé que je flottais au-dessus du sol. Je me suis élevé à plusieurs mètres de hauteur. Je me suis retrouvé rapidement à dix mètres du sol, dans ma rue. Là, j’ai un coup de peur : « Merde, je suis mort ! ». À cet instant, je me suis retrouvé immédiatement sur le canapé. J’ai rouvert les yeux : « Est-ce que j’ai rêvé ? Non ! ». J’étais certain que ce n’était pas un rêve. Je suis resté dans l’incompréhension.
Quelques jours plus tard, ça m’est arrivé une nouvelle fois. J’étais allongé sur mon canapé, je m’endormais, puis je me suis retrouvé en un rien de temps dans le ciel. J’ai essayé de ne pas paniquer. Je me suis mis à voler au-dessus des forêts. Je suis allé sur une route, il y avait un camion, le camion est arrivé sur moi. J’ai pensé à Coluche, qui est mort écrasé par un camion. C’était si réaliste que j’ai eu peur que je sois dans mon corps physique. À cette pensée, j’ai eu la vision de mon corps physique allongé sur le canapé, comme si je faisais un « aller-retour » très rapide. Je suis resté sur la route face au camion et… il m’a traversé ! Près de ma maison, les chiens de mon voisin ont aboyé et j’ai aussitôt réintégré mon corps physique.
La troisième sortie, j’étais super content de me retrouver hors de mon corps. Je suis parti en volant : au-dessus des montagnes, de la mer. C’était génial ! Je me suis baladé un petit moment jusqu’à ce que les chiens de mon voisin aboient à nouveau, ce qui m’a ramené dans mon corps physique.
Comment as-tu appris à maîtriser le phénomène ?
Après ces trois premières expériences, il ne se passait plus rien. Je ne faisais plus de sortie hors du corps et j’étais déçu que ça ne m’arrive plus. Alors j’ai commencé à me renseigner sur le sujet. J’ai acheté le livre de Marc Auburn. Quelques mois plus tard, j’ai fait son stage à Paris. À cette période, j’ai commencé à méditer très intensément. Je méditais tous les jours, au moins deux heures. C’était agréable et j’avais de plus en plus de sensations. Un jour, j’ai commencé à ressentir des vibrations. Tout mon corps vibrait. Puis j’ai senti mon corps astral se lever : tout mon corps sauf la tête, que je n’arrivais pas à « décoincer ». Ça m’est arrivé plusieurs fois, du coup, je m’énervais et tout s’arrêtait, je devais recommencer. Il m’a fallu deux ans pour arriver à sortir complètement ! Ma première sortie volontaire n’était pas géniale : j’étais complètement englué, je voyais flou : mon corps astral me paraissait peser deux tonnes. Ça m’a agacé et comme à chaque fois que je m’énerve, j’ai réintégré mon corps physique… J’ai réussi à sortir une seconde fois, en me détendant à nouveau. J’étais dans le salon et j’ai regardé mon corps physique allongé sur le canapé : à cet instant, j’ai senti qu’il m’attirait. Je ne voulais pas que ma sortie s’arrête alors j’ai essayé de m’accrocher au mur, mais je l’ai traversé. Je me suis retrouvé à nouveau dans mon corps physique…
Depuis, tu as eu une dizaine d’expériences hors du corps. Dans ton témoignage en ligne, tu as écrit que le plus marquant pour toi est la sensation de « fusion » avec la nature. Peux-tu décrire ce que tu as vécu ?
Lorsque je suis en sortie hors du corps, les choses sont différentes. Quand je regarde les arbres, en un instant, je deviens l’arbre et je deviens ses feuilles. Je suis la feuille. Je ressens la feuille : je ressens le vent sur elle, l’harmonie qui l’habite. C’est vraiment beau ! Un jour, je suis allé voir un groupe de dauphins, je suis entré dans l’eau. D’ailleurs, j’avais peur de me noyer, mais sous l’eau je ne manquais pas d’air. J’étais surpris, car les dauphins me voyaient ! Ils ont tourné autour de moi. À cet instant, j’ai ressenti ce qu’ils ressentaient : beaucoup d’amour les uns pour les autres. Je n’entendais pas de pensées : c’était une communication télépathique où je devenais comme « eux », je fusionnais avec eux. Je les ai caressés. Il n’y avait plus de séparation entre moi et eux. J’ai vécu une expérience similaire lors d’une séance d’hypnose avec le Docteur Charbonnier. Alors que l’hypnothérapeute s’était tu, j’ai profité du silence pour faire une méditation et une sortie hors du corps. Ce jour-là, j’ai nagé à côté d’une baleine. Elle me voyait. Je ressentais ce qu’elle ressentait : l’eau passant sur sa caudale, son amour. C’était magnifique. J’avais l’impression qu’on ne formait qu’une seule personne. J’ai réintégré mon corps parce que l’hypnothérapeute s’est remis à parler. Ces expériences m’ont fait penser au film Avatar, où tout dans la nature est lié. Ça me fait dire qu’on forme un tout.
Qu’est-ce que le phénomène SHC a changé dans ton approche de la vie ?
Ça m’a apporté énormément. Aujourd’hui, je donne moins d’importance au matériel. J’ai pris conscience que l’important dans cette vie était d’être aimé et de donner de l’amour, et de faire quelque chose pour les autres. Toutes ces expériences m’ont donné le sentiment qu’on est sur terre pour vivre certaines expériences, pour s’améliorer, être bons, même si c’est parfois difficile, car on est tous un peu égoïstes. À notre mort, on peut partir sur un autre plan et je pense qu’on aura accès à une connaissance universelle. J’ai eu cette sensation un jour. Je suis allé dans l’espace. Je voyais la terre, et j’ai voulu voir un trou noir. Mon corps astral m’a emmené face à un trou noir. À cet instant, je savais intuitivement que ce trou noir était un passage pour aller ailleurs. C’était une connaissance intuitive. Je savais tout sur la manière dont ça fonctionnait. Ce qui est dommage, c’est qu’on oublie une partie des choses quand on revient dans le corps physique. Depuis deux ans, je ne cherche plus à faire des sorties hors du corps, même si je suis content quand ça m’arrive. Je sais que la mort n’est pas une fin, et qu’à ma mort, j’aurai les réponses à mes questions. Je suis persuadé que ma mort sera un de plus beaux jours de ma vie.
Propos recueillis par Julie E.
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